Mahmoud Ould Saleh, un représentant de l’OLP à Paris, a été abattu devant sa librairie située dans le Ve, la Librairie Arabe, que mon père et ses amis fréquentent. Avant cet assassinat, le lieu avait été touché plusieurs fois, des engins incendiaires avaient été lancés contre le magasin qui avait été en grande partie détruit. Ces actions étaient souvent revendiquées par le « Front d’auto-défense juif » mais d’autres groupes d’extrême-droite juive existaient comme les Massada, le « Front populaire de libération juif – Talion-Promotion-Judas-Macchabée » ou encore « l’Armée de libération juive, organe antiterroristes » qui avait déclaré : « Nous ferons sauter tous les sièges palestiniens et leurs refuges arabes comme les sièges des compagnies aériennes ou les ambassades. » Depuis des années, ils s’attaquent à toute institution arabe ou pro-arabe en France qui défend les Palestiniens.
Ces groupes étaient aussi des couvertures utilisées par le Mossad. Après la prise d’otages et le massacre des sportifs israéliens en 1972 aux Jeux olympiques de Munich, les renseignements israéliens avaient lancé l’opération Colère de Dieu. Elle consistait à assassiner les auteurs directs et indirects de cette attaque. Les hommes à abattre étaient répertoriés dans la liste Golda, du prénom de la Première ministre israélienne. Huit dirigeants palestiniens furent assassinés en l’espace de dix ans à Paris dont certains noms n’apparaissent pas sur cette fameuse liste. Qui a tué ces autres dirigeants ? Dieu seul le sait.
Les amis de mon père s’emportaient contre Israël, les sionistes et surtout l’État français qui ne faisait rien pour empêcher ces groupes d’agir. Mon père, lui, était en partie d’accord avec eux mais il disait le contraire. Il n’a jamais supporté d’être du même avis que la majorité des gens qui l’entourent. Il prend toujours la défense du camp adverse. Face à un propalestinien, il devient phalangiste, face à un pro-israélien, propalestinien, et ainsi de suite. C’est la seule façon de rester libre.